Au tournant des années 1970, Alain Sabatier désire travailler sur l’image que donne à voir la télévision. La retransmission en noir et blanc des funérailles du général de Gaulle lui permet de réaliser un reportage ayant pour sujet le reportage télévisuel en lui-même : un « méta-reportage ».

Alain Sabatier prend soin de montrer l’écran et saisit des instants très particuliers en marge du sujet principal. Dans le flux d’images télévisuelles, sont retenues des exceptions plastiques, photographies de moments vides en attente d’événement. A l’inverse, certaines images (crucifix, vitrail) apparaissent comme suffisantes en elles-mêmes et rappellent en ce sens les icônes.

Ce méta-reportage préfigure l’omniprésence actuelle de l’image sur écran et, de manière plus générale, de notre relation à la réalité par le biais des médiations. Dans ses recherche sur l’image et l’icône, Marie-José Mondzain souligne que « le faire voir est un faire croire, jamais un faire savoir ».

In the early 1970s, Alain Sabatier set out to work on television imagery. The black and white broadcast of General de Gaulle’s funeral allowed him to produce a documentary report on the subject of the television broadcast itself: a “meta-report”.

Alain Sabatier made sure that the television screen was visible and captured very special fringe moments. The flow of television pictures is made up of visual exceptions, moments of inactivity photographed as people waited for the event to take place. Conversely, some images (crucifix, stained glass window) seem self-sufficient and are thus reminiscent of icons.

The meta report foreshadows the contemporary omnipresence of the on-screen image and, more generally, our relation with reality as conditioned by the media. In her research on images and icons, Marie-José Mondzain pointed out that “showing is to make credible, but never to make known.”